La Mascarade
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Message par Caliel Dim 29 Oct - 21:18

Spoiler:

Une petite chapelle. Il fait nuit. Les ombres dansent.
Une dernière bougie s’allume. Le claquement du briquet retentit, avant que le chevalier blanc ne le pose sur la pierre ; ici, le silence est roi et l’austérité sa compagne. On distingue les premières rangées de bancs, celles qui font directement face à l’autel qu’on a pris soin d’illuminer.
L’homme se meut sans un bruit. Même la plaque et la maille semblent retenir leurs cliquetis, mais le plancher, moisi depuis longtemps, humide et vert au pied des murs, émet un son spongieux. Le paladin prend place sur la droite de l’allée centrale et retire son casque, qu’il pose à côté. A l’effigie d’un rapace, sa visière est parfaitement arrondie et sa couleur d’une pureté sans pareille. La crinière d’ébène et le visage sec en émergent. Un instant, il renverse la tête en arrière, ferme les yeux, entrouvre les lèvres et respire à peine. L’air est chargé d’iode, épaissi de l’odeur du bois trop longtemps mouillé. Mais surtout, il prend à la gorge : la magie démoniaque a imprégné chaque mur de l’immense demeure.

Face à lui, les vitraux se multiplient. On a dépeint il y a longtemps une fresque divine. On La représente, glorieuse, dans le sang des monstres ou sur une montagne de sacrifiés à sa cause. Son visage est d’une douceur immaculée, candide et serein.
Elle, Dieu parmi les démons. Son corps se termine par une cascabelle, instrument effroyable aux multiples anneaux de mue. Ici, on présente de profil un couffin et une femme priant face à lui. Là, elle tient deux crânes canidés. Plus loin, elle est martyr, allongée sur un carreau rouge.
Derrière les couleurs que le temps a rendues ternes, on distingue, à la lueur des flammes fragiles, un bois cerné par le domaine. La pleine lune y a posé une lumière évasive, celle qui n’éclaire que la cime des arbres et laisse leurs racines plonger dans le noir le plus total.
Le plafond s’est recouvert d’une peinture en mauvais état, mais il ne laisse au moins pas passer les intempéries. Y figure un homme immense, à l’armure de plaques et de plumes noires comme de l’encre, contemplant un paysage depuis une colline à l’aurore, autrefois chatoyants, aujourd’hui tristes et délavés.

La pénombre vieillit l’homme. Il a rouvert les yeux pour qu’ils puissent parcourir la pièce, sans réelle surprise : il connaît les lieux. Lorsque la porte de la chapelle s’ouvre, il ne tourne pas la tête. Un pas traînant s’avance dans l’allée, suivi de près par un tissu frottant au sol. La silhouette n’entre pas tout à fait dans le champ de vision du chevalier, préférant rester dans un coin du regard. Sa voix, gutturale et vieille, résonne :
« Tu n’es pas avec les autres ?
-Non. Il faut que quelqu’un veille sur vous. »
Un rire comme un toussotement répond, et s’évanouit alors que le vieillard crache ses poumons. Les ombres répondent à sa douleur en se tordant anormalement – c’est du moins ce qui semble se passer, l’espace d’un instant. Peut-être un courant d’air, d’un des vitraux fendus ?
« Ne me mens pas. Nous savons tous pourquoi tu as préféré rester. »
L’homme en armure de nacre reste de marbre. Son regard est dur, mais s’étrécit. Ses bras restent sur le dossier du banc, mais ses poings se serrent. Quelques secondes se déroulent, et le temps semble s’y arrêter. A son côté, il ne bouge pas. On devine des mots, un regard accusateurs. Lourds de menaces.
Même les vagues, au loin, se sont tues.
Puis le même pas s’éloigne, et la porte se referme. Quelques minutes de plus, et les gantelets de plaque se desserrent. Il ferme les yeux et s’abandonne à la méditation qu’il est venu chercher.
Caliel
Caliel

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Date d'inscription : 04/08/2017

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